The University of Chicago press book
The Legend
Translated by Sonia Alland
111 pages | 5 x 8 | © 2013
Seagull Books - The French List
Cloth $19.00 ISBN: 9780857421029 Published May 2013 World sales rights except India
In this strikingly original memoir, Marie Bronsard reweaves the history of her family—and the legend of her grandmother—leaving no stone unturned and no skeleton in the closet.
Egocentric and domineering, Bronsard’s grandmother was once a vibrant and sensual beauty. In Indochina at the end of the Second World War, she thrived in the social life of the French colony, but her young soldier husband sought a quieter existence, finding solace in the companionship of their adolescent daughter, Bronsard’s mother. The consequences of this choice reverberate throughout the family. But far from being an airing of grievance or dirty laundry, Bronsard’s memoir has the air of catharsis—here, the pain, secrets, and comic moments of Bronsard’s family are remembered with gentle humor, understanding, and affection. A wry irony tempers emotion, and it is in these pages that the author at last finds it possible to name the woman of the legend and perhaps bring her grandmother a measure of peace.
Sur le minuscule terrain vague, envahi de pavots cornus dont les fleurs d’or démentent l’implicite pauvreté, trône une chapelle, minuscule elle aussi, si banale, et modeste qu’à peine l’entrevoit-on de jour, dépouillée, presque nue, juste chaulée, flanquée d’un arbre étique.
Un projecteur faible faisceau au ras du sol
La découpe
De nuit
Immaculée emblématique
Et l’arbre dans la pénombre
Tronc fluet torturé,
Ramure figée ébouriffée
Graciles aiguilles domptées
Se métamorphose
Mi ombre chinoise mi estampe japonaise
Y gagne
De même
En majesté
Cette veille singulière en son rêve asiatique ?
Agios Georgios. 20h40. Un 9 mai.
Passé le solstice d’hiver
s’est levée
l’ultime aube de l’année
bans de brume accrochés à ses basques
contrepoints insolents
Impuissants
à ruiner la gloire
l’allégresse
d’une aube tardive
inespérée
Des confins du monde
semble apparu
un soleil blanc
éblouissant
d’une primitive ardeur
astre rescapé
abrasé de son lustre
implacable et tranchant
Scène insolite
s’épousent en camaïeux
s’exaltent
la terre inerte, les brumes stagnantes
un oiseau sur sa lancée
Surgi soudain l’oiseau
sa livrée déployée
solitaire
fier ou candide frôlant la cible
sans s’y ficher s’y égarer
s’y consumer
Lequel s’éloigne
à tire d’aile
gagne des lointains nébuleux
où rôde peut-être
la promesse
par-delà les frimas
qu’un printemps
reviendra
Y croire ?
… ou pas.
IX / I / MMXXII
Ce qui n’était déjà plus
L’est encore moins
Comme l’acuité du souvenir
Dans la mémoire
D’un mort
Récent
On avait besogné là
Longtemps
Y vivait-on toujours ?
Fenêtres disjointes
Voilage parcimonieux
Et vieillottes dentelles
Cependant
Une babine singulière,
Retroussée
S’y devine la vigile d’un matou
La persistance facétieuse
D’un fantôme ?
Les bulldozers ont eu raison de tout
le 9.III. 2020
LE LAC
Septembre 2018, première décade
Sur les fils électriques
se rassemblent
les hirondelles
Esquisse d’un filet noir
sur un faire-part de deuil
L’été se meurt.
Faste éphémère de septembre
Lumière oblique d’avant midi
Le lac scintille
Quelques feuilles jaunies détachée
dansent
Nager sans bruit
S’abandonner
et s’enchanter.
Le jour se lève
tard,
et de plus en plus,
à regrets, lentement, se défait
de sa parure nocturne
les étoiles pâlissent
L’aube, suspendue aux cloches de l’angélus
hésite…
Consent.
Deuxième décade de septembre
Le lac, figé, anthracite
réfléchit
miroir précis
les nuages
se chevauchant dans le ciel maussade
Au loin, éparses, quelques barques
se découpent
sur la brume
Instant nippon, impondérable
Octobre. Première décade
L’appel du lac
pressant,
l’été,
—à quelques matinées tumultueuses,
orages menaçants, près –,
s’essouffle
Rendu aux grèbes, aux foulques, aux colverts,
nageurs silencieux
indifférents peut-être
il s’ensauvage
nous congédie
Deuxième décade d’octobre
Entre Tierce et Sexte,
le lac
ne convie plus
à sa lustrale liturgie
Seuls, pêcheurs et promeneurs
sont, désormais, appelés
à goûter
le vol adroit des mouettes tapageuses
à s’étonner
du saut retentissant des carpes
et, peut-être,
les méconnaitre
Troisième décade de septembre
Sous le marin blanc
sec
le lac arbore
ce matin
un masque malveillant
cendré, houleux
visqueux à l’œil
périlleux à l’usage
Passe ton chemin, chaland
L’industrie des hommes
a repris
en ce début d’automne
Le lac
se rétracte
Se dévoilent
des berges boueuses
que les jours, écourtés,
échouent à retoucher
Les turbines jubilent
La frasque cévenole
a dépouillé
les arbres
Les ramilles chahutées s’enchevêtrent
Charriée, la poussière de ruffe,
rouille
le lac
Entre deux bourrasques de pluie
horizontale
d’épais nuages frôlent
ses crêtes piaffantes
Adieu
lac ludique
des célestes étés
Navrant est l’équinoxe
Insolites septentrions
De la Frise orientale,
Exaltée par ses peintres :
« Déclinée à l’infini
la pâleur du ciel
en camaïeu de gris
et
La fuite des horizons
vers des azurs
évanescents… »
or
Sous le coup des cymbales d’argent
d’un soleil
consonant
la gloire d’un jour de mars
Ether lavé des brumes
reléguées aux confins
où la mer d’ardoise
épouse
– non sans trouble :
la frange des moires le scelle –
le cobalt du ciel
Le Nord se livre
Ne se trahit ni se renie
Se dit.
Vareler Hafen
Ostfriesland
27 mars 2017, 15h42
En pluie et en hiver
La rivière est en crue
Mais c’est moi qui déborde.
L’Eau de l’âge n° 11
Impondérables
Embrasement du ciel
Fuite concomitante, éperdue, des vestiges d’un jour
Nébuleux tourbillons
Ramassés
Pour se déprendre des ténèbres
Altière adresse
Désespérée
L’échappée d’un trois janvier
dix-sept heures quarante-deux
le 15 XII 2015
De loin, il semblait en cale sèche
De près, on le voyait échoué depuis nombre d’années
pour n’en plus jamais repartir
servant de logis aux rats, le jour, aux mouettes, la nuit, aux goélands, et autres volatiles diurnes des mers hellènes.
Dans le flamboiement du crépuscule, il veillait, à bâbord sur les eaux calmes de la rade, à tribord sur les rares commensaux attardés sur le port.
Latsi. Mai 2013
06/08/2013
Dans le jardin méridional,
l’avenante pergola,
désarmée par l’hiver de son casque d’ipomée, de solanum et de jasmin mêlés,
endure, humble mais vaillante,
l‘éphémère caprice de flocons fourvoyés.
Insolite en ce lieu, comme surgie à l’improviste, la nuit noire tombée, la composition,
dans son fragile mais orgueilleux déséquilibre, énigme irrésolue, interpellait
Chaque soir, du balcon, en silence, on en guettait l’apparition.
Quelle main d’artiste, de mystique,
Ou d’édile inspiré
Aura
Ordonnancé
Quel philosophe
Prescrit
-- en terre hellène pétrie de dieux
Malmenée asservie dépecée
Conquise et reconquise
Des furieux monothéistes
Arborant
Stigmates
Et sceaux entrelacés –