Bienvenue sur le site de Marie Bronsard


 

                   Comme je suis de nulle part, née par hasard en banlieue parisienne, j’ai souvent résidé à l’étranger, au Portugal, à Majorque, au Québec, au Maroc. Ainsi j’ai pu vérifier que l’Europe seule, mais d’Est en Ouest et du Nord au Sud, était de nature à combler mes attentes. Il m’arrive encore de voyager – je ne manque pas de curiosité – mais plus jamais je n’ai envisagé de planter mes racines ailleurs qu’en un lieu où les librairies regorgeraient de livres dans ma langue, et au plus proche de la Méditerranée – ce qui a considérablement réduit mes possibilités d’installation -, mer lustrale, mienne par ascendance, et prédilection.



                  C’est ainsi que je me suis enracinée en Languedoc, dans ses paysages immuables, antiques, de vignes et d’oliviers, sous son ciel lumineux, conciliant. Si mon itinéraire comporte quelques bizarreries, c’est sans doute parce que j’ai vu le jour – assez tardivement, du reste, aux environs de midi – un vendredi 13, de février, 1953. Ce n’est pas un secret.


                 Pour le reste : ai choisi de m’adonner à la seule écriture. Me revendique donc écrivain, mais sans exclusives ni définitions, par refus de l’enfermement. Ai l’obsession de la justesse, dans les deux acceptions du terme, de sens, bien évidemment, mais aussi de son. Aime les livres qui se lisent d’une traite, et se relisent à l’occasion, et m’emploie à en commettre, au grand dam de mes éditeurs et de ma traductrice. Travaille parfois pour le théâtre. Poursuis depuis une vingtaine d’étés une collaboration avec Sonia Alland, laquelle s’évertue à transposer en anglais américain, et caser, ma prose rétive.


En résumé, je fais ce que je  peux, comme je le peux, avec un bonheur inégal, mais je le fais.


Sur le minuscule terrain vague, envahi de pavots cornus dont les fleurs d’or démentent l’implicite pauvreté, trône une chapelle, minuscule elle aussi, si banale, et modeste qu’à peine l’entrevoit-on de jour, dépouillée, presque nue, juste chaulée, flanquée d’un arbre étique.

Un projecteur faible faisceau au ras du sol

La découpe

De nuit

Immaculée emblématique

 

Et l’arbre dans la pénombre

Tronc fluet torturé,

Ramure figée ébouriffée

Graciles aiguilles domptées

Se métamorphose

Mi ombre chinoise mi estampe japonaise

Y gagne

De même

 

En majesté 


Insolite en ce lieu, comme surgie à l’improviste, la nuit noire tombée, la composition, 

dans son fragile mais orgueilleux déséquilibre, énigme irrésolue, interpellait

Chaque soir, du balcon, en silence, on en guettait l’apparition.

 

 

Quelle main d’artiste, de mystique, 

Ou d’édile inspiré

Aura 

Ordonnancé

Quel philosophe

Prescrit

-- en terre hellène pétrie de dieux 

Malmenée asservie dépecée

Conquise et reconquise

Des furieux monothéistes

Arborant

Stigmates  

Et sceaux entrelacés – 

 


 

                                                    Cette veille singulière en son rêve asiatique ? 

 

Agios Georgios. 20h40. Un 9 mai.